Ouh la, retour devant ce clavier d’ordinateur.. Je viens de relire le dernier texte du blog et on peut dire que de l’eau a coulé sous les ponts depuis… Finies les aventures itinérantes rocambolesques et les rencontres aussi magiques qu’inattendues.. Nous sommes en Guadeloupe depuis près de 4 mois et, ici, notre principale aventure a été d’affronter… l’administration française (ou l’inénarrable «SECUCAFASSEDIC») ! Désolé d’employer un jargon aussi velléitaire mais ce fut réellement le parcours du combattant..! Un combat acharné, mené courageusement sous la chaleur tropicale, et qui s’est finalement soldé par une Victoire puisque nous avons enfin achevé tous les dossiers (ou presque) et que nous prenons l’avion le 4 aout prochain (en fait c’est demain !) à destination de Montréal ! (avec une petite halte à Porto Rico 2 jours avant, histoire de…)

La 1ere chose à dire est que cette victoire n’aurait pas pu être possible sans rencontres une fois de plus. Car, en Guadeloupe, si tu ne connais personne tu peux toujours attendre… Richard d’abord, notre proprio, qui nous a mis en contact avec Claire (du Ccas du Moule, eh oui nous habitons Le Moule, ça ne s’invente pas !), puis elle-même avec Rébecca (Direction Générale de la Sécu, qui dit mieux !), ce qui nous a permis de réaliser une véritable opération d’infiltration du « Système » par l’intérieur, opération baptisée «GWADA» (Go West And Destroy Administration), jusqu’à l’anéantissement de tous les obstacles se présentant sur notre chemin ! Donc un grand merci à eux, sans qui on serait sans doute déjà rentré en Bretagne ! (N’en déplaise à certains qui nous attendent de pied ferme mais qui savent que, pour nous, le temps n’existe pas… Big Up !)

Mais bon, 4 mois tout de même !

Le temps nécessaire pour « se reconnecter au système » comme on le disait, et pour rendre réalisable notre projet canadien, à 3. Evidemment, on l’évoquait déjà dans notre précédent post, le fait de se retrouver avec un bébé dans le ventre a compliqué un peu la donne (c’est que le début il parait !) mais nous y sommes finalement arrivés…

En haut des montagnes de papiers,

Au bout de la mer de l’ignorance,

Au fin fond du désert institutionnel,

Là, ou la solitude rejoint la félicité

(c’est pas pour rien que je porte les mêmes initiales que Francis Cabrel.. !)

Ah voyage-voyage…

4 mois et je crois qu’on est devenu spécialiste du montage de dossier, de la législation sociale et du « lobbying du bas de l’échelle » (sociale elle-aussi, évidemment) ! Saviez-vous, par exemple, que la déclaration de grossesse ne peut être prise en compte en France que si les droits Sécu sont ouverts au moins 10 mois avant la date présumée d’accouchement (vous suivez)? Ce qui fait que la déclaration de grossesse de Sophie n’est toujours pas prise en compte (puisque ses droits ont été ré-ouverts que fin mars) et qu’elle ne le sera que 6 semaines avant cette date. Et donc (pour celles et ceux qui connaissent ces préoccupations), pas de maternité remboursée à 100% pour nous et vraisemblablement pas de congé mater non plus… Tiens ça vous apprendra à aller jouer les cigales ! Ah ça, on en a appris de belles sur le fameux système de santé français qui se réduit comme peau de chagrin.. D’autant plus, quand tu dois avancer tous les frais et que les remboursements ici prennent environ 6 mois ! (et oui toujours pas de carte vitale !) Tu te rends compte de la valeur des choses comme dirait ma grand-mère, et ici en l’occurrence, des frais de santé..

Mais bon, en même temps, on ne veut pas cracher dans la soupe. C’est ce « système » qui va nous permettre d’être pris en charge et d’accoucher au Canada (je dis « nous » mais c’est Sophie qui accouche, vous l’aurez compris !) dans le cadre de « l’Entente franco-québécoise de Sécurité Sociale » (avis aux voyageurs d’ailleurs, et aux gens qui se posent des questions dans ce domaine, aller voir le site du CLEISS, rubrique « Je pars au Québec pour y accoucher et/ou passer mon congé maternité » y’a pas plus clair comme intitulé ! Il faut pécho le formulaire SE 401-Q-209, celui-là c’est le Graal dans notre cas). C’est entre autre pour ça qu’on a fait toutes ces démarches..

4 mois qui auraient dû être 3... mais une performance finalement, dans un contexte temporel antillais plus qu’aléatoire ! (eh oui les Antilles n’ont pas failli à leur réputation !)

Alors 4 mois qui nous ont servis comme un sas de transition, pour « digérer » notre voyage, nous reposer - car on était vraiment sur les rotules en arrivant - et nous réadapter a la vie sédentaire (qui nous plait autant que la vie nomade finalement).

4 mois bien-sûr pour arpenter les plages de la Guadeloupe, surtout quand on a la chance de revoir nos 2 petites mamans (+ tata Yvette!), venues ensemble en vacances profiter du soleil et des retrouvailles, et répondre à nos (nombreuses) questions sur les mystères de la vie.. D’ailleurs qu’est-ce que c’est bien une Maman !!!

4 mois pour préparer l’avenir et tenter l’ultime expérience de ce voyage : s’installer, travailler et vivre dans un autre pays et une ville qui nous attire a bien des égards : Montréal, QC, Canada.

Enfin, et plus que tout, 4 mois qui nous ont permis de voir le ventre de Sophie s’arrondir gentiment et profiter pleinement de ce moment privilégié. D’autant plus quand on a la chance que tout se passe bien… Mais d’ici quelques temps, il va quand même falloir retourner au boulot ! (malheureusement les économies, quoique extensibles, ne sont pas éternelles !) D’ailleurs en ce moment c’est déjà le cas : Papa va bosser aux champs (c’est de l’élagage en fait, petite dédicace à Fred et Karine en passant..) pendant que Maman s’occupe de bébé-ventre à la maison. Voilà un voyage qui aura porté de beaux fruits : toute cette soi-disant ouverture n’était qu’une habile manœuvre pour revenir à un fonctionnement on-ne-peut-plus traditionnel, de type patriarcal, et remettre maman aux fourneaux. Hé hé !

A tel point que je ne l’aurais même pas laissée écrire un mot sur ce post, c’est vous dire... Allez on va tacher de faire preuve d’un peu de parité, c’est à la mode aujourd’hui… Tu voulais dire quelque chose, Sophie !?

… OUI ! Ras le bol des moustiques !!!

Sinon, il faut dire qu’entre deux photocopies de paperasse, nous avons tout de même vécu ici : une vie à suivre la campagne présidentielle, une vie avec des voisins adorables, Camille et Alexandra, des apéros entre amis (on pense très fort à Pascal et Annie et leur cœur de Bretons…, décidément c’est la série des dédicaces..) et entre voisins du coup (au cours desquels ils nous ont écouté vidé notre sac avec beaucoup de patience ! Valait mieux ça que la présidentielle : la politique et le rhum, ça fait pas bon ménage !), une vie avec des enseignes familières comme La Poste, Carrefour - le grand retour - ou même Promod et Krys ! Nous avons bien cru un moment être rentrés en France. Mais finalement, ce retour n’a pas eu lieu. Nous avons bien cherché et, ce que nous avons connu lors de notre établissement ici, c’est en fait une prolongation de notre voyage en Caraïbes… La Guadeloupe est bien différente de la France métropolitaine et nous y acclimater a demander pas mal d’efforts, d’autant plus qu’on croyait retrouver facilement nos repères... La France et ses institutions sont bien là : on s’est inscrit gratuitement à la bibli dont nous avons dévoré tout le stock de magazines culturels des 2 dernières années (c’est qu’on avait un peu de retard), nous sommes allés voir des films au centre culturel de notre ville et bien entendu, nous avons mis en œuvre notre rattachement au système français comme ils disent…

Mais à côté de cela, la vie sous le soleil des Antilles n’est pas toute rose. On a vécu nos plus belles arnaques dans le coin (on nous a quand même loué une voiture non assurée pendant 2 mois ! Avec faux papiers a l’appui i tutti quanti !!). Y a trop de business et il est difficile de trouver des personnes fiables.. Malheureusement, on ne peut pas vraiment faire confiance. Sans parler du machisme qui est bien présent et bien pesant. Le passé est encore très présent également, avec tous les clivages entre communautés que cela peut comporter. Et puis, c’est une ile… Il est parfois difficile de créer le contact même si je reconnais qu’on était peut-être trop pris par nos démarches. Tout de même, je crois que nous avons sincèrement essayé mais nous sommes restés en dehors, sans doute parce qu’il nous manque une culture commune. Peut-être parce que tout simplement on était seulement de passage.. ? En tout cas, on a très peu rencontré ce « minimum vital d’ouverture » qui faisait, durant notre voyage, qu’une rencontre était possible, quelque soient les origines, la religion, la culture ou la couleur de peau. Et ce sera peut-être cela qui conclut notre périple : l’idée finalement que la qualité des relations priment sur tout le reste. Mais elles trouvent souvent leur siège dans un ensemble de valeurs partagées, une sorte de socle commun. Bien-sûr on rencontre toujours des personnes pour partager… Mais, même si l’on fait tout pour se fondre et tenter d’abolir les différences, celles-ci ont la dent dure…

Alors une fois de plus, BIG UP la famille, les amis restés en France et ceux rencontrés sur les routes… On vous aime et on pense très fort a vous… plus que jamais ! Ce sera mon mot de la fin ( Hi hi hi j’l’ai bien eu finalement, le François !)

Nous 2 et 1/2

PS : ah oui, au fait, c’est un p’tit mec !!!

Vive la France !

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